Lorsque je me penche sur la question des secteurs déconseillés à Alençon, je constate que cette préfecture ornaise de 25 000 habitants présente des contrastes saisissants. Bien que la ville séduise par son patrimoine historique et ses prix immobiliers accessibles autour de 1 300 €/m², certains quartiers nécessitent une vigilance particulière. Je vous propose une analyse détaillée des zones sensibles et des recommandations pratiques pour faire les bons choix résidentiels.
Perseigne et Courteille : les secteurs les plus préoccupants d’Alençon
Situé au nord-est du centre-ville, Perseigne représente indéniablement le quartier le plus problématique de la commune. Classé en zone prioritaire de la politique de la ville, ce secteur concentre des statistiques alarmantes avec un taux de chômage de 44% et un taux de pauvreté atteignant 61%. Les revenus moyens y plafonnent à 5 080 € par habitant, soit quatre fois moins que la moyenne nationale.
La concentration de logements sociaux atteint 87,3% dans ce quartier, illustrant une ségrégation urbaine marquée. Les incidents sécuritaires y sont récurrents : véhicules incendiés par dizaines, tirs de mortiers sur les forces de l’ordre, jets de projectiles. En octobre 2021, des violences urbaines d’une rare intensité ont touché le secteur avec une dizaine de voitures brûlées en une seule nuit.
Le trafic de stupéfiants nécessite des interventions régulières des forces de l’ordre, parfois avec l’appui des CRS. Les saisies récentes témoignent de l’ampleur du phénomène : 4,8 kg d’héroïne, 1,9 kg de cocaïne et 31,9 kg de cannabis en 2023. Les habitants décrivent un quartier qui « la nuit change de visage » et le qualifient de « pire quartier de l’Orne en terme de délinquance ».
À l’est d’Alençon, Courteille présente également des défis significatifs avec un taux de chômage de 39,5% et un taux de pauvreté de 50,8%. La concentration de logements sociaux y atteint 95%. L’urbanisation verticale avec ses barres d’immeubles crée une ambiance terne manquant de dynamisme. Les résidents signalent une augmentation des cambriolages, vols et actes de vandalisme, particulièrement préoccupante en soirée.
| Quartier | Taux de chômage | Taux de pauvreté | Logements sociaux |
|---|---|---|---|
| Perseigne | 44% | 61% | 87,3% |
| Courteille | 39,5% | 50,8% | 95% |
Autres zones sensibles et dispositifs sécuritaires
Moins médiatisé que Perseigne, Borssesierre partage les problématiques des zones sensibles avec un trafic de stupéfiants établi et des violences urbaines récurrentes. Les habitants dénoncent des nuisances quotidiennes qui impactent leur qualité de vie. Ce secteur ouest fait l’objet de mesures dans le cadre du contrat de ville 2024-2030 avec des projets de rénovation urbaine.
D’autres secteurs nécessitent une vigilance accrue. Valframbert présente des risques d’incivilités et quelques incidents isolés d’agressions. Champ-Perrier, principalement résidentiel, connaît parfois des problèmes de vols, particulièrement en soirée. Les secteurs Champ Perrier – Montsort souffrent d’isolement et d’un manque de transports.
Face à ces défis, les autorités ont renforcé les dispositifs sécuritaires. Le Contrat de sécurité intégrée signé en 2022 prévoit le déploiement de 70 gardiens de la paix supplémentaires et l’installation de 20 caméras de vidéoprotection nocturnes. La Régie des Quartiers Alençonnaise œuvre pour l’insertion sociale et professionnelle des habitants de Perseigne et Courteille.
L’infrastructure pénitentiaire s’est également renforcée avec l’ouverture d’un quartier de lutte contre la criminalité organisée de 40 places à Alençon-Condé-sur-Sarthe, destiné aux détenus les plus dangereux avec des conditions de détention très strictes.
Secteurs privilégiés et conseils pour bien choisir
Heureusement, Alençon offre des alternatives résidentielles de qualité. Le centre-ville historique avec la Halle au blé et le Château reste très recherché pour son charme, ses petites rues commerçantes et son architecture ancienne. L’ambiance y demeure vivante malgré la fermeture progressive de certains commerces.
Les quartiers Lancrel et Belle Étoile, situés à l’ouest du centre, offrent un environnement résidentiel calme et familial avec de bonnes dessertes. La zone Nord – Damigny bénéficie de la proximité des établissements d’enseignement supérieur avec un potentiel locatif intéressant. Saint-Paterne constitue la référence du secteur résidentiel avec ses pavillons cossus et son environnement verdoyant.
Pour votre sécurité, je vous recommande de suivre ces conseils pratiques :
- Éviter les zones mal éclairées la nuit, spécialement Perseigne et Borssesierre
- Faire preuve de discrétion concernant les objets de valeur
- Privilégier les transports en commun ou taxis après 19h
- Participer aux réunions de tranquillité publique organisées par la mairie
Pour l’investissement immobilier, je conseille d’éviter les grands ensembles dégradés et les zones classées en politique de la ville. Privilégiez les quartiers à taille humaine avec commerces et écoles, et vérifiez les dynamiques de revalorisation. Malgré 22,8 millions d’euros d’investissements ANRU à Perseigne, ce quartier reste difficile pour l’investissement patrimonial.
Comme dans d’autres villes françaises confrontées à des défis similaires, un guide complet des quartiers sensibles peut vous aider à mieux appréhender ces enjeux urbains. La connaissance précise du terrain demeure votre meilleur atout pour faire les bons choix résidentiels à Alençon.

